Elle se lève tous les jours à six heures du matin, et part faire sa toilette à l'évier de la cuisine.
Il y a bien longtemps qu'elle ne sait plus monter les marches des escaliers pour aller en haut dans les chambres et la salle de bain.
Puis elle se fait un café, c'est son rituel journalier et là elle se met dans son fauteuil et regarde le temps passer.
Il y a bien ses enfants, mais ils ne viennent la voir que pour la fête des mères ou le nouvel an...Ils n'ont pas le temps, le travail, leurs propres enfants, c'est stressant.
Avant, elle prenait une chaise et se mettait devant sa porte dans le quartier pour papoter avec ses amis toute la journée.
Mais un par un ils sont tous morts au fil des années, elle est la dernière, alors elle laisse sa porte fermée et sa chaise bien rangée.
À midi elle se fait réchauffer un plat préparé, puis se remet dans son fauteuil pour digérer.
Elle somnole repense à son mari, mon Dieu qu'est-ce qu'elle a voulu le quitter en cinqante ans de mariage ! Mais elle a décidé de rester.
De temps en temps un de ses petits-enfants vient la voir, mais c'est toujours pour demander de l'argent à leur prêter, ils le lui rendront.
Elle sait bien que non, mais elle fait semblant et leur donne à chaque fois un peu, jusqu'à ce quils reviennent en redemander, c'est une visite en somme, enfin un petit peu.
A dix-neuf heures c'est le journal elle allume la télé,...que de mauvaises nouvelles mais bon, elle se tient au courant de l'actualité.
Puis elle va rejoindre son petit lit qu'elle a fait installer au rez-de-chaussée, dans le salon le canapé il y a belle lurette qu'il a été enlevé.
Et là, elle rêve enfin, elle se revoit à vingt ans travaillant péniblement, mais le samedi soir dans les guinguettes, elle attirait tous les regards en dansant.
Elle revoit la naissance de ses enfants, quel bonheur d'être maman, l'unique amour de sa vie, sa tête de mule de mari.
Elle ne dort pas, elle vit dans ses songes la nuit, la journée elle attend juste la mort pour aller rejoindre ses amis et surtout lui...
Hommage à nos aînées, à nos mères et à nos grand-mères